Dans les faits, il semble qu'au bar de l'Assemblée, le chanoine député Kir avait coutume de commander ce fameux mélange cassis / aligoté. D'autres firent de même, commandant le cocktail de Kir" qui finalement devint, le Kir.
Personnage caricatural de l'histoire de Dijon. Avant d'arriver au cœur de la Côte d'Or, ce "bon" curé officia à Nolay. Certains pensent qu'il découvrit là-bas la recette qui le rendra célèbre. Dans l'arrière côte de Beaune, avant d'aller affronter les froidures de l'hiver, les vignerons avaient coutume de se jeter derrière le gosier une bonne petite "pucelle". Entendez par là un mélange maison fait d'un tiers de cassis et de deux tiers de marc de Bourgogne. Mélange détonnant ! Pourtant, la quantité de cassis tuant la dureté du marc, l'assemblage est loin d'être désagréable, bien au contraire ! Essayez, vous m'en direz des nouvelles ! Ce qui est certain, c'est que notre chanoine cherchant à accueillir ses visiteurs dignement dans les majestueuses cuisines du palais ducal, adapta cette brillante formule. Un tiers de liqueur de cassis toujours, mais cette fois, deux tiers d'aligoté. Un cépage blanc moins souple que le chardonnay, merveilleusement assouplit par le sucre et l'arôme puissant des petites baies noires.
Je n'oserai vous affirmer comme les mauvaises langues que ce choix fut fait parce que l'aligoté d'autrefois était si vert qu'il était imbuvable autrement ! Je ne vous certifierais pas plus qu'on ne savait que faire alors de ses excédents de productions. Sans doute trouverions-nous un soupçon de vérité dans ces affirmations si nous avions le temps d'approfondir le sujet, mais qu'importe cette vérité. Les historiens nous ferons à leur tour et très justement remarquer que la municipalité Barabant remplaça le champagne trop coûteux et bien peu Bourguignon dès 1904, par ce cocktail couleur local franchement plus économique. Barabant n’ayant sans doute reprit là qu’une recette populaire dont gargantua lui-même se délectait déjà au XVe siècle ! La légende ingrate ne retient elle, que le nom de Kir.
Néanmoins, n'essayer plus aujourd'hui de marier un tiers de bonne liqueur de cassis riche en fruits, avec deux tiers d'aligoté soigneusement vinifié par nos vignerons. Le résultat serait à n'en point douter décevant. On se contentera grosso modo d'un cinquième de liqueur, le reste d'un bon aligoté.
Inspiré du livre "Curieux de Côte-d'Or" de André Beuchot.